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Cinq ans après l'explosion du port de Beyrouth, le président libanais promet la justice
information fournie par AFP 04/08/2025 à 13:39

Un silo détruit du port de Beyrouth, le 1er août 2025, cinq ans après l'explosion dévastatrice du 4 août 2020 ( AFP / Joseph EID )

Un silo détruit du port de Beyrouth, le 1er août 2025, cinq ans après l'explosion dévastatrice du 4 août 2020 ( AFP / Joseph EID )

Le président libanais Joseph Aoun a promis lundi que la justice serait rendue, cinq ans après la gigantesque explosion sur le port de Beyrouth sur laquelle l'enquête n'a toujours pas abouti.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des quartiers entiers de la capitale libanaise, faisant plus de 220 morts et 6.500 blessés.

Cette catastrophe, devenue le symbole de la culture de l'impunité, a été déclenchée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium servant d'engrais, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Joseph Aoun a déclaré lundi que l'Etat libanais était "engagé à dévoiler toute la vérité, peu importent les obstacles ou les positions élevées impliquées".

Lundi a été déclaré jour de deuil national et des rassemblements réclamant la justice doivent converger vers le port, où les silhouettes des silos de blé éventrés s'élèvent toujours entre les grues et les conteneurs.

Une installation en métal représentant le marteau de la justice, près du port de Beyrouth le 1er ouût 2025, à quelques jour de l'annversaire de l'explosion dévastatrice du 4 août 2020 ( AFP / Joseph EID )

Une installation en métal représentant le marteau de la justice, près du port de Beyrouth le 1er ouût 2025, à quelques jour de l'annversaire de l'explosion dévastatrice du 4 août 2020 ( AFP / Joseph EID )

"La loi s'applique à tous, sans exception", a affirmé le président dans un communiqué, en promettant "transparence et intégrité" dans l'enquête.

"Le sang de vos proches ne sera pas versé en vain", a-t-il dit en s'adressant aux familles des victimes, ajoutant: "La justice arrive, la responsabilité arrive".

- Nombreux "défis" -

Un premier juge chargé en 2020 de l'enquête avait jeté l'éponge après avoir inculpé l'ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris l'enquête qu'il avait dû à son tour interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Après plus de deux ans d'impasse, le juge a repris ses travaux en début d'année.

Il a à présent terminé ses interrogatoires, dont ceux de Hassan Diab et de responsables militaires et des services de sécurité, tandis que plusieurs anciens ministres convoqués ne se sont pas présentés, a déclaré à l'AFP un responsable judiciaire sous couvert d'anonymat.

Le magistrat attend notamment une réponse à des demandes d'information adressées en juillet à plusieurs pays arabes et européens, selon ce responsable. Le dossier une fois finalisé devra être transmis au parquet pour avis avant d'éventuelles inculpations, a-t-il ajouté.

Vue du port de Beyrouth le 1er août 2025, cinq ans après l'explosion dévastatrive du 4 août 2020 ( AFP / Joseph EID )

Vue du port de Beyrouth le 1er août 2025, cinq ans après l'explosion dévastatrive du 4 août 2020 ( AFP / Joseph EID )

Le Premier ministre Nawaf Salam, ancien juge à la Cour internationale de justice, a déclaré dimanche que connaître la vérité était "une question nationale", dénonçant des décennies d'impunité officielle.

L'enquête du juge Bitar a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne.

Human Rights Watch et Amnesty International ont souligné lundi que "le chemin vers la justice reste parsemé de défis politiques et judiciaires", malgré la reprise de l'enquête.

- "Seuls témoins" -

Vue des destructions sur le port de Beyrouth, le 1er août 2025 ( AFP / Joseph EID )

Vue des destructions sur le port de Beyrouth, le 1er août 2025 ( AFP / Joseph EID )

Mariana Fodoulian, de l'association des familles des victimes, a affirmé que "pendant cinq ans, les responsables ont tenté d'échapper à leurs responsabilités, pensant toujours qu'ils sont au-dessus des lois".

"Nous ne demandons rien de plus que la vérité", a-t-elle déclaré à l'AFP, ajoutant: "Nous n'arrêterons pas tant que nous n'aurons pas obtenu une justice globale".

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a appelé lundi les autorités à "prendre toutes les mesures nécessaires pour accélérer les procédures judiciaires liées à l'explosion".

Les ambassades américaine et britannique ont appelé à ce que les responsabilités soient établies tandis que l'Union européenne avait souligné dimanche que "mettre fin à l'impunité est essentiel pour le redressement du Liban".

Dimanche, le ministre de la Culture, Ghassan Salamé, a déclaré que les silos de blé partiellement effondrés seraient inclus dans une liste de bâtiments historiques.

Les familles des victimes réclament depuis longtemps leur préservation comme mémorial. "Les silos sont les seuls témoins de ce qui s'est passé le 4 août", a souligné Mme Fodoulian.

1 commentaire

  • 16:51

    Il y a des responsables intérieurs, mais aussi et surtout d'autres extérieurs, auxquels le Liban n'ose pas se frotter, ni nommer, Aoun préfère désarmer le aise bol ah, croyant obtenir ainsi la "stabilité". Les présidents libanais ont parfois une vie écourtée.


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